Depuis quelques années, j'essaie de donner une deuxième (voire une troisième) chance à des écrivains que je n'avais pas appréciés «dans mon jeune temps»... Parfois, cela ne fait que confirmer ma première impression (coucou Mme Sand, M. Dosto) mais souvent ce sont de belles surprises: Maupassant, Camus...
J'ai donc tenté de nouveau l'expérience avec Gustave Flaubert, dont le roman Mme Bovary, lu quand j'étais dans la vingtaine, m'avait semblé soporifique au plus haut point. J'ai vu passer ce titre intrigant, Salammbô, ici et là sur les forums et les blogues, et j'ai donc jeté mon dévolu sur ce livre, sans toutefois relire le résumé...
Première surprise, donc: on se retrouve dans l'Antiquité, à Carthage! Et l'ambiance est d'entrée de jeu complètement différente de la tranquille province de la pauvre Emma B. Guerres, chevauchées, tortures, famines, sentiments exacerbés, j'ai cru me retrouver dans un tableau d'Eugène Delacroix!
J'ai adoré les deux premiers tiers du roman (à part quelques scènes de violence envers des animaux, snif snif!). Les personnages sont originaux et surtout les descriptions sont absolument formidables! On est transporté dans cette ville antique, dans un palais magnifique aux multiples chambres secrètes bourrées de trésors, dans des temples mystérieux dédiés à des dieux exotiques et barbares... (En passant, si vous avez une édition comportant en annexe le chapitre explicatif retiré par Flaubert et publié de façon posthume, lisez-le en premier; il permet de bien mieux comprendre les enjeux politiques et religieux ainsi que la géographie de la ville.)
Malheureusement, les derniers chapitres sont si violents et sordides qu'ils m'ont semblé un peu pénibles même si l'histoire reste intéressante malgré tout. Disons que Gustave aurait pu mettre moins de complaisance dans la description des scènes de guerre, de torture, de cadavres qui boursouflent au soleil, etc.
Malgré ce bémol, je vais quand même garder un bon souvenir de ce roman et je peux donc affirmer: expérience réussie!
Salammbô de Gustave Flaubert, 1862, 608 p.